Critique de la chambre de Camille sur Micmag.net

    Luis Torreao
    By Luis Torreao

    Paris :La compagnie Hippocampe, revisite l'amour !

    La compagnie de mime corporel Hippocampe dans un décor minimal parle des maux indicibles de l'amour dans une résonance temporelle et artistique judicieuse. Une fois fini, on en voudrait encore !
    Par Mathilde Estrangin (Paris)

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    Au Lavoir Moderne Parisien au cœur du quartier de la Goutte d’or, la salle est comble. Lumières sur le plateau. Le décor est minimal et on voit deci-delà des ombres vêtues de blanc. Le lieu est idéal pour faire voyager le spectateur dans la chambre, l’atelier et l’esprit de Camille Claudel. La pièce très contemporaine parle avec peu de mots des maux indicibles de l’amour, de ceux de la relation entre Rodin et Camille Claudel.

    Au centre, elle est là. Qui ? Une femme, enveloppée dans un drap blanc qui fait tout de suite penser aux camisoles blanches des aliénées de Saint-Anne. Sans doute, un écho à la fin de la vie de Camille Claudel, sculpteur de génie, amante terrible égarée dans les affres de l’amour. Elle se réveille, découvre les statuts, les modèle, les articule. La compagnie de mime corporel, Hippocampe, créée par le brésilien Luis Torreao, commence alors une véritable performance scénique pendant près d’une heure. Malgré une musique trop lancinante et inopportune à certains moments, la promiscuité de la scène laisse percevoir le bruit des corps et des souffles qui suffisent à comprendre les non-dits qui s’échappent des silences du mime.

    Des situations amoureuses se succèdent sans laisser transparaître de chronologie : l’amour enfantin et coquin, cruel et violent, aliénant et malsain, sensuel et tendre. J’ai d’abord regretté ces arrêts sur image, perdue. Néanmoins, le manque de fluidité des mouvements, telles des statuts, transpose finement la sculpture comme miroir des jeux identitaires qui se trament dans un couple. Le mime, à mi-chemin entre la danse et le théâtre, porte l’histoire passionnelle de la sculptrice avec son maître à la perfection. Le mime corporel apporte donc une émotion particulière aux situations, les visages et les regards sont forts, perçants.

    La relation de Claudel et Rodin sert ici de socle universel pour comprendre les méandres des relations amoureuses. Les pas de deux et de trois esquissent des rencontres et des fantasmes amoureux uniques. On retrouve par ailleurs le chiffre trois dans le tryptique qui relie Claudel aux textes de Guillaume Apollinaire et Ibsen et qui découvre là, à mon sens, le cœur de la pièce.

    La Chambre de Camille donne en effet une très belle lecture de ces deux textes. Ces résonances temporelles et artistiques sont très judicieuses. Les leitmotivs dans les mouvements jalonnent avec pertinence la pièce. On retrouve la posture du Penseur de Rodin, une main sur la cuisse l’autre au visage, ils prennent leurs pieds, ils se prennent la tête. Les tensions et les relâchés des corps, les chutes et les contacts entre les comédiens mettent en valeur les émotions qui existent entre deux êtres aimant. De cours passages chorégraphiques sont repris en même temps que sont lus et relus les textes de Guillaume Apollinaire et Ibsen. Les vers répétés des Lettres à Lou reflètent l’obsession amoureuse. Puis la voix féminine qui lit les textes est tantôt un narrateur féminin tantôt masculin. On ne sait plus alors qui est qui : les personnages sont interchangeables. La présence même de Camille Claudel paraît soudain un peu fade mais est sublimée par les égarements d’identités entre les comédiens.

    Un homme ; Rodin, se jette dans le vide : la lumière s’amoindrit. Les corps sans vie sont recouverts alors d’un linceul comme les sculptures inachevées d’un atelier. La boucle est bouclée. La compagnie a su capter l’attention du public et créer un lien spécial avec lui. On en voudrait encore !

    Au Lavoir Moderne Parisien au cœur du quartier de la Goutte d’or, la salle est comble. Lumières sur le plateau. Le décor est minimal et on voit deci-delà des ombres vêtues de blanc. Le lieu est idéal pour faire voyager le spectateur dans la chambre, l’atelier et l’esprit de Camille Claudel. La pièce très contemporaine parle avec peu de mots des maux indicibles de l’amour, de ceux de la relation entre Rodin et Camille Claudel.

    Au centre, elle est là. Qui ? Une femme, enveloppée dans un drap blanc qui fait tout de suite penser aux camisoles blanches des aliénées de Saint-Anne. Sans doute, un écho à la fin de la vie de Camille Claudel, sculpteur de génie, amante terrible égarée dans les affres de l’amour. Elle se réveille, découvre les statues, les modèle, les articule. La compagnie de mime corporel, Hippocampe, créée par le brésilien Luis Torreao, commence alors une véritable performance scénique pendant près d’une heure. Malgré une musique trop lancinante et inopportune à certains moments, la promiscuité de la scène laisse percevoir le bruit des corps et des souffles qui suffisent à comprendre les non-dits qui s’échappent des silences du mime.

    Des situations amoureuses se succèdent sans laisser transparaître de chronologie : l’amour enfantin et coquin, cruel et violent, aliénant et malsain, sensuel et tendre. J’ai d’abord regretté ces arrêts sur image, perdue. Néanmoins, le manque de fluidité des mouvements, telles des statues, transpose finement la sculpture comme miroir des jeux identitaires qui se trament dans un couple. Le mime, à mi-chemin entre la danse et le théâtre, porte l’histoire passionnelle de la sculptrice avec son maître à la perfection. Le mime corporel apporte donc une émotion particulière aux situations, les visages et les regards sont forts, perçants.

    La relation de Claudel et Rodin sert ici de socle universel pour comprendre les méandres des relations amoureuses. Les pas de deux et de trois esquissent des rencontres et des fantasmes amoureux uniques. On retrouve par ailleurs le chiffre trois dans le tryptique qui relie Claudel aux textes de Guillaume Apollinaire et Ibsen et qui découvre là, à mon sens, le cœur de la pièce.

    La Chambre de Camille donne en effet une très belle lecture de ces deux textes. Ces résonances temporelles et artistiques sont très judicieuses. Les leitmotivs dans les mouvements jalonnent avec pertinence la pièce. On retrouve la posture du Penseur de Rodin, une main sur la cuisse l’autre au visage, ils prennent leurs pieds, ils se prennent la tête. Les tensions et les relâchés des corps, les chutes et les contacts entre les comédiens mettent en valeur les émotions qui existent entre deux êtres aimant. De cours passages chorégraphiques sont repris en même temps que sont lus et relus les textes de Guillaume Apollinaire et Ibsen. Les vers répétés des Lettres à Lou reflètent l’obsession amoureuse. Puis la voix féminine qui lit les textes est tantôt un narrateur féminin tantôt masculin. On ne sait plus alors qui est qui : les personnages sont interchangeables. La présence même de Camille Claudel paraît soudain un peu fade mais est sublimée par les égarements d’identités entre les comédiens.

    Un homme ; Rodin, se jette dans le vide : la lumière s’amoindrit. Les corps sans vie sont recouverts alors d’un linceul comme les sculptures inachevées d’un atelier. La boucle est bouclée. La compagnie a su capter l’attention du public et créer un lien spécial avec lui. On en voudrait encore !